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22. AU MÊME.

(Potsdam 1773.)

Je ferai payer les deux tableaux par Splitgerber, faisant neuf cents ducats ensemble. Pour le Corrége, il n'y a pas moyen de donner quatorze mille ducats, cela est fou et exorbitant; mais si on se contentait de douze mille écus, je les payerais, et ce serait toujours un bel avantage pour les moines de pouvoir faire bâtir une chapelle d'argent hérétique. Si on veut ce prix du Corrége, je le payerai sitôt; mais je ne saurais le surpasser, car le reste serait folie.

Pour peu que M. d'Alembert se donne de peine, il me trouvera quelque sujet, ne fût-ce qu'un ex-jésuite.

23. AU MÊME.

Burkersdorf, (août) 1778.

Je vous suis obligé des anecdotes que vous me rapportez au sujet du défunt patriarche;a je souhaiterais que vous me mandiez plutôt ce qu'il faisait vivant que ce qu'il a dit. Le tumulte des camps, et la dure besogne dont je suis chargé, m'empêchent d'entreprendre maintenant son Éloge; je renvoie cet ouvrage au quartier d'hiver; mais je crains que l'orateur soit trop inférieur à la matière qu'il doit traiter. C'est bien dommage que la bibliothèque de ce grand homme soit enlevée, pour ainsi dire, à l'Europe.b Notre siècle dégénère; il n'y a plus, comme autrefois, des amateurs des beaux-arts et des sciences. Si ces arts se perdent, comme je prévois que cela arrivera, à quoi l'attribuer qu'au peu de cas que l'on en fait? Pour moi, je les aimerai jusqu'au dernier soupir de ma vie. Quoique né avec des talents circonscrits


a Voltaire, mort le 30 mai.

b Voyez la lettre de d'Alembert à Frédéric, du 15 août 1778.