<318>plus relevés aux douceurs de la société, et répandre également autour d'elle les lumières et les charmes de la vie. Un poëte partirait de là pour comparer votre naissance et le cours de votre vie à celui d'un beau soleil; mais il y a longtemps que des sommités du Permesse,a où le feu de la jeunesse m'avait portée quelquefois, je suis descendue dans la plaine. J'y marche maintenant terre à terre; je ne me mêle pas de suivre dans leur vol des génies qui embrassent tout. Je considère fort Malebranche, parce que j'ai ouï dire qu'il était un fort honnête homme; je respecte infiniment les Pères de l'Église; et je crois surtout que Frédéric a raison en tout ce qu'il entreprend de prouver. Vous êtes né, Sire, pour faire briller la vérité dans son grand jour. Quand je vois aujourd'hui V. M. l'exposer aux yeux de l'univers avec toute l'énergie de l'évidence, et la défendre, les armes à la main, sans autre intérêt que celui de la faire recevoir, je ne puis m'empêcher d'admirer le plus bel emploi qu'on ait jamais fait de la force militaire; et lorsque, dans vos lettres, je retrouve cette même force d'esprit s'exerçant indifféremment sur tous les objets des connaissances humaines, mon admiration redouble; je vois alors que la vérité en toute chose n'est qu'une, mais que les esprits tels que le vôtre, Sire, qui savent la retrouver en tout, ne paraissent ici-bas que de loin à loin.

Puissiez-vous faire longtemps le bonheur du monde! Le terme le plus reculé de la vie humaine est dû à celui des hommes qui recule le plus les bornes de leurs talents et de leurs vertus. Honorez toujours votre admiratrice de vos bontés; rien n'est comparable à la haute considération avec laquelle je ne cesserai d'être, etc.


a Ou plutôt du Parnasse.