<395>rité, qui n'était pas trop aisée à dire. C'est une histoire philosophique du désastre que vient d'éprouver en France la vénérable société de Jésus. J'aurais écrit avec plus d'intérêt et de satisfaction l'histoire de V. M.; ses victoires, ses lois, ses ouvrages, sont un objet un peu plus digne de la postérité que l'émigration d'une horde de fanatiques, expulsés par d'autres. Mais, Sire, cet ouvrage ne doit point être fait par une autre main que par la vôtre; c'est aux dieux seuls qu'il appartient de parler dignement d'eux-mêmes.

Je suis avec le plus profond respect et avec des sentiments encore plus chers à mon cœur, etc.

24. A D'ALEMBERT.

Potsdam, 24 mars 1765.

Je vous dois trois lettres, mon cher d'Alembert. L'ouvrage de mon métier, les hémorroïdes et des humeurs goutteuses m'ont empêché de vous répondre plus tôt. Je commence par vous remercier de votre ouvrage sur les hautes sciences, que je trouve admirable, parce que vous avez daigné descendre des régions éthérées pour vous rabaisser jusqu'à la conception des ignorants. J'appelle votre manuscrit mon guide-âne, et je me rengorge de comprendre quelque chose aux mystères que vous autres adeptes cachez à la multitude. Je vous suis très-obligé de l'envoi du grammairien.a J'ai cru m'apercevoir que c'est un garçon sage, et qui vaut mieux que l'emploi qu'on lui donne ne lui procurera de moyens de développer ses talents. Je vous envoie en même temps les règlements de mon Académie.a Comme le plan en est nouveau, je vous prie de m'en dire votre sentiment avec sincérité.

Nous attendons ici M. Helvétius. Selon son livre, le plus


a M. Thiébault.

a Voyez t. IX, p. 87-98.