<417>sans que j'aie encore la sottise d'y joindre les causes morales, qui achèveraient de tout gâter.

Je ne sais si V. M. a reçu le cinquième volume de mes Mélanges, que j'ai eu l'honneur de lui annoncer dans ma dernière lettre; je la supplie de vouloir bien m'en dire son avis avec sa bonté ordinaire. Voltaire m'en paraît content; mais de quoi il est bien plus charmé, et avec bien plus de raison, ce sont les lettres que V. M. lui écrit; il m'en parle sans cesse, et m'en paraît transporté.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

37. DU MÊME.

Paris, 10 février 1767.



Sire,

J'ai eu l'honneur, il y a peu de jours, d'écrire à Votre Majesté une trop longue lettre, par laquelle je crains de lui avoir dérobé des moments précieux et d'avoir abusé de ses bontés. Cette lettre, Sire, sera plus courte, car je ne voudrais pas retomber trop souvent dans la même faute. Je me bornerai à présenter à V. M. la lettre et l'ouvrage ci-joints, de la part d'un des hommes de lettres que j'aime et que j'estime le plus, M. Marmontel,a mon confrère à l'Académie française, et un des membres les plus distingués de cette compagnie. L'ouvrage, Sire, me paraît digne d'être lu et jugé par un héros; il contient des maximes importantes, que V. M. met depuis longtemps en pratique; et la récompense la plus flatteuse que l'auteur puisse désirer de son travail, c'est que


a Les Œuvres complètes de Marmontel, A Paris, chez A. Belin, 1819, renferment, t. III, première partie, p. 301-322, les Lettres relatives à Bélisaire (de l'impératrice de Russie, du roi de Pologne, etc.). On n'y trouve pas la réponse de Frédéric à la lettre de Marmontel imprimée en tête de ces Lettres relatives à Bélisaire. Voyez d'ailleurs, dans notre t. XXIII, p. 153 et 154, la lettre de Frédéric à Voltaire, du 5 mai 1767.