<489>coup et à la gloire de ce célèbre écrivain, et à celle de la littérature française, qui en conserverait une reconnaissance éternelle.

Permettez-moi, Sire, d'ajouter que dans l'état de faiblesse où m'ont réduit mes travaux, et qui ne me permet plus que des vœux pour les lettres, la nouvelle marque de distinction que j'ose vous demander en leur faveur serait pour moi la plus douce consolation. Elle augmenterait encore, s'il est possible, l'admiration dont je suis pénétré pour votre personne, le sentiment profond que je conserverai toute ma vie de vos bontés, et la tendre vénération avec laquelle je serai jusqu'à mon dernier soupir, etc.

78. A D'ALEMBERT.

(Sans-Souci) 7 juillet 1770.

Je suis bien fâché de vous savoir toujours languissant. Pour l'ordinaire, la belle saison corrobore les corps, et leur rend les forces que les indispositions de l'hiver leur ont fait perdre. J'avais espéré du printemps le même bénéfice pour vous. C'est, je pense, au dérangement de saison de cette année qu'il faut attribuer l'état où vous vous trouvez, et je crois que l'usage de quelques eaux minérales ou des bains pourrait vous rétablir entièrement; mais c'est à la Faculté à en décider.

A peine vous avais-je envoyé mes remarques sur cet Essai des préjugés, qu'un autre livre m'est tombé entre les mains; et comme j'étais en train d'examiner des ouvrages philosophiques et d'écrire, j'ai couché ces remarques par écrit, et je vous les envoie. C'est le Système de la nature,a où je me suis attaché à relever les contradictions les plus palpables, et les mauvais raisonnements qui m'ont le plus frappé. Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce sujet, et bien des détails où je n'ai pas eu le temps d'entrer; je me suis borné aux quatre points principaux que l'auteur traite.


a Voyez t. IX, p. IX et x, n° XII, et p. 177-194.