<568>feraient une chose agréable à V. M., dont le nom est si cher et si précieux aux sciences par la protection qu'elle leur accorde et les lumières qu'elle y répand.

L'Europe espère, Sire, que V. M. ne se contentera pas de l'éclairer, qu'elle va encore la pacifier. Comme je ne doute point qu'elle n'ait une grande influence dans le traité entre la Porte et la Russie, je prends la liberté de lui recommander toujours un point que je ne cesse point d'avoir à cœur : c'est d'obtenir du sultan Mustapha la réédification du temple de Jérusalem, pour l'embarras de la Sorbonne et le menu plaisir de la philosophie. Mais ce que je désire encore plus, c'est que l'être, quel qu'il soit, qui préside à l'univers conserve longtemps V. M. pour l'avantage de cette pauvre philosophie, persécutée ou vilipendée presque partout ailleurs que dans vos États.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

114. A D'ALEMBERT.

30 juin 1772.

Je commence par vous féliciter de votre nouvelle dignité académique, qui montre que le mérite est encore récompensé en France, et qu'on sait discerner ceux dont les grands talents sont dignes de récompense. Vous savez que tout ce qu'Apollon promet à ses nourrissons se borne à quelques feuilles de laurier et à de l'encens. Vous en jouissez à présent dans la plus célèbre académie de l'Europe, et de là vous distribuez des brevets de grands hommes à ceux qui se distinguent parmi les nations étrangères. Je suis bien aise que notre la Grange soit de ce nombre. Je suis trop ignorant en géométrie pour juger de son mérite scientifique; mais je suis assez éclairé pour rendre justice à son caractère plein de douceur et à sa modestie.

L'approbation que vous donnez au petit discours académique