<573>de Caton contre celui des dieux.a Je vois avec peine que V. M. n'a pas été contente d'un endroit du discours préliminaire où elle a cru voir que les Prussiens étaient accusés de manquer de bravoure. Je n'ai point l'ouvrage sous les yeux pour justifier l'auteur, qui vient d'ailleurs de partir pour un voyage de quelques mois, et à qui je ne puis demander raison de ce reproche. Mais je suis bien sûr au moins que son intention n'a point du tout été de reprocher le défaut de courage à des troupes qui ont gagné au moins douze batailles. Je suis persuadé qu'il a voulu dire seulement que les Prussiens n'auraient pas eu tant de succès, s'ils n'eussent été que braves, et s'ils n'eussent eu à leur tête un général aussi consommé dans les manœuvres militaires, devenues aujourd'hui plus nécessaires que jamais; et cette assertion, bien loin d'être un reproche, me paraît au contraire un nouvel éloge et de ces braves troupes, et surtout du héros qui les commande. Voilà, Sire, ce que ma philosophie encyclopédiste croit pouvoir répondre à V. M. pour justifier un jeune militaire dont je connais toute l'admiration pour elle, et toute l'estime qu'il fait de ses troupes. Je ne serai pas aussi empressé à me justifier moi-même de ce que V. M. ajoute, que je n'aime pas la guerre; et comment pourrais-je m'en justifier auprès d'un prince philosophe qui a si bien peint dans ses ouvrages les maux que la guerre fait à l'humanité, qui ne l'a jamais entreprise que forcé par les circonstances, qui, depuis quatre à cinq ans, ne paraît occupé qu'à l'éviter, et qui s'est conduit, pour y parvenir, avec une sagesse et une habileté dont toute l'Europe parle en ce moment avec admiration?

Je ne doute point que Mustapha ne fasse le mieux du monde de se conformer aux sentiments pacifiques que V. M. lui a inspirés, nouvelle preuve qu'elle n'aime pas la guerre plus que moi. Mais je ne serai point content que V. M. ne lui ait fait dire au moins un petit mot du temple de Jérusalem. Cette réédification, Sire, est ma folie, comme la destruction de la religion chrétienne est celle du Patriarche de Ferney. Je sais bien que si la Sorbonne voyait ce temple debout, elle trouverait moyen d'éluder


a Voyez t. XV, p. 150; t. XVI, p. 174; t. XVIII, p. 253; t. XXI, p. 186; t. XXIII, p. 264; et ci-dessus, p. 118.