<102>vénération tendre et profonde avec laquelle je serai toute ma vie, etc.

200. DU MÊME.

(Paris, 30 juin - 3 juillet 1778.)



Sire,

Je n'ai reçu qu'hier 29 juin, au soir, la lettrea que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire sur la perte vraiment irréparable qui afflige en ce moment la littérature. J'avais eu l'honneur, ce jour-là même, d'écrire à V. M. une lettre qui était partie quelques heures avant le moment où j'ai reçu la vôtre. J'y parlais à V. M. de la mort de M. de Voltaire et des suites qu'elle a eues, mais en peu de mots, par respect pour les occupations si importantes et si respectables à tous égards qui remplissent les moments précieux de V. M., et qui fixent en ce moment sur elle plus que jamais les yeux et l'intérêt de l'Europe. V. M., par sa lettre, me demande des détails sur la mort du grand homme que nous avons eu le malheur de perdre. N'étant plus retenu, Sire, par la crainte de faire perdre à V. M. le temps dont elle fait un si digne usage, je ne perds pas un moment pour satisfaire à vos désirs; et comme je prévois que cette lettre sera longue, je la commence dès aujourd'hui 30 juin, quoiqu'elle ne puisse partir que par le courrier du 3 juillet prochain, ne voulant pas perdre un moment pour exécuter sans délai les ordres de V. M.

Pour la mettre au fait de tout ce qui s'est passé, et en état de juger toutes les sottises qu'on a faites et qu'on a dites sur ce triste sujet, il est nécessaire, Sire, que je reprenne les choses d'un peu plus haut. Au commencement de mars, M. de Voltaire, arrivé à Paris trois semaines auparavant,b eut un crachement de sang considérable, accident qu'il éprouvait pour la première fois de sa vie. Quelques jours avant sa maladie, il m'avait demandé,


a Cette lettre manque.

b Voyez t. XXIII, p. 477.