<124>nous autres imbéciles de la cinquième lune de Saturne. Mais je voulais vous dire encore un mot du buste de Voltaire. Comment de Saturne viendrai-je à lui? quelle transition me mènera de l'un à l'autre? Je n'en sais, ma foi, rien, et j'écris au secrétaire de l'Académie française, qui, avec quelque puriste, quelque successeur de l'abbé d'Olivet, dira : Cet homme ne sait pas écrire; Bouhours l'avait bien dit, l'atmosphère de l'esprit s'étend de la Garonne jusqu'à la Moselle; au delà, point de sens commun. Enfin, pour aujourd'hui, je subis condamnation, je ne m'en relève pas; c'est au temps à me remettre dans mon assiette naturelle, s'il en peut venir à bout, et à vous à me regarder avec des yeux d'indulgence, et à me venir voir, si cela peut vous convenir. Sur ce, etc.

207. DE D'ALEMBERT.

Paris, 2 juillet 1779.



Sire,

Lorsque j'eus l'honneur d'écrire ma dernière lettre à Votre Majesté, la paix qu'elle vient de donner avec tant de gloire à l'Allemagne était près de se conclure, et je crus dès ce moment pouvoir témoigner à V. M. toute la joie que je ressentais d'un événement tout à la fois si heureux pour l'Europe, si précieux à ses peuples, et si honorable pour elle. Je prends la liberté de lui renouveler aujourd'hui l'expression des mêmes sentiments, et d'une admiration que j'ai le bonheur de partager aujourd'hui avec tous ceux qui entendent prononcer le nom de V. M. Cette admiration, Sire, est aussi universelle que juste, et jamais peut-être aucun monarque n'a été plus généralement l'objet de la vénération publique que ne l'est en ce moment V. M. La France est peut-être de toutes les nations celle qui en donnerait à V. M. les témoignages les plus vifs, tant l'enthousiasme que vous y excitez est prodigieux et universel. On a dit, je ne sais pas pourquoi, que V. M. viendrait faire un tour à Paris. Elle y recevrait, j'ose le dire, les hon-