<137>je n'avais pas aimé la mienne, je serais depuis longtemps auprès de V. M. J'aime encore cette patrie, quoiqu'on m'y accable d'outrages auxquels je suis, à la vérité, peu sensible, mais que le gouvernement, j'ignore par quel sublime motif, non seulement permet, mais encourage et récompense. C'est là le prix qu'il me donne des sacrifices que j'ai faits à mon pays, et de quarante-cinq années de travail, sans que j'aie mérité jamais aucun reproche comme citoyen, ni dans mes écrits, ni dans ma conduite. Les bontés dont V. M. me comble me dédommagent de cette injustice. Que ne puis-je aller encore jouir auprès d'elle de ces mêmes bontés! Mais si je ne renonce pas à ce projet, je n'ose absolument le former, tant ma santé est faible, variable et chancelante. Je redouble de ménagements pour elle, et je profiterai, s'il m'est possible, du premier moment qu'elle pourra me laisser, pour aller mettre encore une fois aux pieds de V. M. tous les sentiments dont mon cœur est depuis si longtemps rempli.

M. de Catt veut bien, Sire, mettre sous les yeux de V. M. le mémoire d'un pauvre curé qui se dit persécuté par un évêque fanatique, et qui implore les bontés et la protection de V. M. Je lui ai promis que V. M. lui ferait justice, s'il la méritait, et je la prie de vouloir bien me faire passer sa réponse par M. de Catt.

Je suis, et serai cette année comme toutes les autres, avec la plus tendre vénération et la plus vive reconnaissance, etc.

213. A D'ALEMBERT.

(Janvier 1780.)

Comme chez moi les vœux d'un philosophe sont bien préférables aux prières des moines, vous devez vous attendre à mes remercîments sur ce que vous me souhaitez d'heureux pour la nouvelle année; et comme je suis aussi peu ... que vous, je me flatte que si je désire que le ciel répande des biens sur vous et sur tous les