<158>Je joins ici une pièce de vers qu'un poëte flamand peu connu, mais admirateur zélé de cet illustre écrivain, m'a prié de faire parvenir à V. M. C'est un hommage que ce poëte a cru devoir faire à V. M. de ses regrets sur la perte d'un grand homme qu'elle a honoré de ses bontés de son vivant, et de ses éloges après sa mort.

M. de Catt remettra à V. M. un nouveau mémoire et des certificats authentiques en faveur du pauvre curé de Neufchâtel, persécuté par son évêque fanatique. V. M. voudra bien se faire rendre compte de ce détail, et faire obtenir justice à ce pauvre diable de prêtre, qui l'attend et la lui demande depuis longtemps.

Puisse le destin, qui afflige mes jours, prolonger à mes dépens ceux de V. M., et lui donner pour longtemps encore la santé, la gloire et le repos! Hélas! notre pauvre France aurait bien besoin du dernier, après cette misérable et plate guerre, qui n'a pas l'air de finir sitôt.

Je suis avec la plus vive reconnaissance et la plus tendre vénération, etc.

222. A D'ALEMBERT.

Le 1er août 1780.

Il règne un ton de tristesse dans votre lettre, qui m'a fait de la peine; il semble que vous ayez à vous plaindre également de votre tempérament et de la fortune. Nous sommes des vieillards qui touchons au bout de notre carrière; il faut tâcher de la finir gaîment. Si nous étions immortels, il nous serait permis de nous affliger des maux; mais notre trame est trop courte pour qu'il nous soit permis de nous attacher trop à des choses qui bientôt disparaîtront à nos yeux pour toujours. Vous dites, mon cher Anaxagoras, que vous avez perdu de l'énergie que vous aviez l'année 1763. Et moi aussi; c'est le sort des vieillards. Je perds la mémoire des noms, la vigueur de mon esprit s'affaiblit, mes jambes sont mauvaises, mes yeux voient mal, j'ai des chagrins