<16>j'aime mieux lui parler du sieur Tassaert, qui, empressé de se rendre à son devoir, a hâté le moment de son départ de près d'un mois, pour se rendre auprès de V. M., au service de laquelle il me paraît enchanté de consacrer ses travaux et ses jours. Je suis bien sur que V. M. sera contente des services, de l'honnêteté et de la sagesse de ce bon Flamand plus qu'elle ne l'a été de nos turbulents artistes velches. Le sieur Tassaert, Sire, se recommande aux bontés de V. M. pour le logement dont elle a bien voulu lui donner l'espérance dans une des lettres qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire. Ce logement, Sire, mettrait le comble à son bonheur, et à la reconnaissance dont il me paraît pénétré pour les bontés de V. M.

Après avoir parlé si longtemps à V. M. de nos sottises atroces, je ne lui parlerai point de nos sottises ridicules, de nos mauvais vers, de nos mauvais livres, et de la hauteur de nos coiffes. J'aime mieux lui parler de la hausse de nos fonds publics, qui est incroyable depuis que le nouveau contrôleur général est en place, et que les troubles présents n'ont pas même altérée, parce que toute la nation est pleine de confiance dans la probité du ministre et dans les vertus du Roi.

Je suis avec tous les sentiments de respect, de reconnaissance et d'admiration qui ne finiront qu'avec ma vie, etc.

156. DU MÊME.

Paris, 31 mai 1775.



Sire,

Mylord Dalrymple, qui aura l'honneur de présenter cette lettre à V. M., est un homme encore plus distingué par son mérite que par sa naissance. Il a fait en France plusieurs voyages, qui m'ont procuré l'avantage de le connaître, et qui m'ont laissé la plus grande estime pour lui; c'est un sentiment que je partage avec tous ceux qui l'ont connu. Il désire vivement, Sire, l'honneur de faire sa cour à V. M. dans le voyage qu'il fait à Berlin; il est bien naturel qu'un étranger instruit et philosophe ait le plus grand empressement d'approcher et d'admirer un monarque qui, au milieu de sa gloire, cultive et protége avec tant d'éclat les lettres et la philosophie. J'ai flatté mylord Dalrymple de l'espérance de vos bontés, et j'ose espérer que V. M. l'en trouvera digne, et qu'elle le distinguera par son mérite de cette foule d'étrangers dont elle n'est pas toujours contente.

Je suis avec le plus profond respect, etc.