<177>j'étais en bon train d'en dire davantage, si ma main (peut-être à propos) ne m'arrêtait pour ne vous point ennuyer. Sur ce, etc.

231. DE D'ALEMBERT.

Paris, 30 mars 1781.



Sire,

La dernière lettre que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire m'a laissé des inquiétudes pour vous, et sur le présent, et sur l'avenir. Quelqu'un qui avait eu l'honneur de voir assez longtemps V. M. m'avait écrit qu'il ne l'avait jamais trouvée si bien portante. Je me suis empressé de l'en féliciter, et dans le temps que je me réjouissais avec tous mes amis de cette bonne nouvelle, V. M. en était au troisième accès violent de goutte dont elle a été attaquée cet hiver. Quoiqu'elle ait la bonté de m'apprendre qu'elle en est à présent délivrée, je crains, Sire, une nouvelle rechute, ce long et maudit hiver n'étant pas encore fini, à beaucoup près, surtout à cinq degrés plus nord que Paris, où nous nous chauffons encore. Plus je suis profondément touché de l'état de V. M., plus je suis tendrement reconnaissant de la bonté avec laquelle elle veut bien me parler à ce sujet, en m'assurant que cette maudite goutte ne me privera pas de ses lettres. Elles me sont, Sire, plus nécessaires que jamais; elles font toute ma consolation, et raniment l'insipidité de ma vie, devenue presque nulle par l'état de ma santé, qui m'interdit presque absolument tout travail, si je veux conserver le peu qui m'en reste.

Mais j'aime bien mieux parler à V. M. d'elle que de moi; et après lui avoir fait mon compliment dans ma dernière lettre sur l'éloge si éloquent et si court qu'elle m'a écrit de l'Impératrice-Reine, je prendrai la liberté de la féliciter dans cette lettre sur un autre objet, sur l'excellente réponse qu'elle vient de faire à la requête des ministres luthériens de Berlin, au sujet des innova-