<24>par l'usage qu'il fera de ses connaissances et de ses talents au service de V. M., répondra aux bontés et à la protection dont elle l'honore. Je prends la liberté de lui en demander la continuation pour ce jeune homme, innocente victime de la plus atroce et de la plus absurde superstition. C'est à César à réparer les sottises des druides et de leurs agents, et c'est à lui à donner tout à la fois à son siècle des leçons de guerre, de paix, de philosophie, d'humanité et de justice. Recevez donc, Sire, par ma faible voix, les très-humbles remercîments de tous les hommes honnêtes et éclairés pour ce que vous voulez bien faire en faveur de ce jeune homme, et pour l'opprobre dont vous couvrez en ce moment la superstition et le fanatisme.

Je suis avec le plus profond respect, la plus vive admiration, et la plus sincère reconnaissance, etc.

161. A D'ALEMBERT.

Le 9 septembre 1775.

La religion n'est donc pas la seule qui ait ses martyrs, et la philosophie aura également les siens. Divus Etallundus va dans peu arriver ici, et, protégé par vous et Voltaire, je tâcherai de lui faire un sort dans ce monde,a jusqu'au temps où il fera des miracles après sa mort. On dit que vous autres Français commencez à prononcer sans horreur le mot de tolérance; vous vous en avisez un peu tard. Du temps de Louis XIV, ce mot n'était pas admis dans le dictionnaire théologique de son confesseur. Les Malesherbes et les Turgot vont donc faire des merveilles; ce seront les apôtres de la vérité, qui terrasseront facilement l'erreur, mais qui trouveront de grands obstacles à vaincre, les préjugés de l'éducation. Vous savez que lorsqu'on est très-chrétien, il est difficile d'être en même temps très-raisonnable. J'abandonne ce


a Voyez t. XXIII, p. 373 et 390.