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268. A D'ALEMBERT.

Le 18 mai 1783.

M. de Séran m'a remis votre lettre dans un temps où j'étais trop occupé pour m'entretenir longtemps avec vous. J'ai appris avec peine ce qu'il m'a rapporté à l'égard de votre santé. Il prétend que vous avez des hémorragies dans un endroit où il ne devrait pas couler du sang. Cela me confirme dans le jugement que j'avais porté de votre mal, et que je vous ai communiqué par ma dernière lettre. Les hémorroïdes sont une maladie très-commune dans ce pays-ci; et cet accident dont on dit que vous souffrez, il y a plusieurs personnes ici qui en sont atteintes; cependant on parvient à les guérir. Si cela peut vous faire plaisir, je vous enverrai des recettes, non de moi, mais de ce que nous avons de mieux en fait de médecins.

Sur ce, etc.

269. DE D'ALEMBERT.

Paris, 7 juillet 1783.



Sire,

Je supplie très-humblement Votre Majesté de me permettre d'emprunter en ce moment une main étrangère pour répondre à la lettre qu'elle m'a fait l'honneur de m'écrire il y a six semaines. J'ai été depuis ce temps assez languissant, et peu en état d'écrire surtout de ma main; la situation de corps nécessaire pour cela est peu favorable à mon indisposition, et mon médecin m'a conseillé, pour adoucir mes maux, d'être quelque temps sans écrire moi-même. Je n'ai pas besoin, Sire, d'assurer V. M. avec; combien de regret et de répugnance j'use aujourd'hui d'un pareil remède; mais je ne puis différer plus longtemps de témoigner à V. M. ma vive et profonde reconnaissance pour toutes les bontés dont elle ne cesse de me combler. Je crois qu'elle voit mieux la