<349>que la France répare cette perte de sitôt. Si la maladie a affaibli son esprit dans le dernier temps, cela n'est pas étrange, puisque la mort, en attaquant toutes les parties organisées de notre corps, doit leur ôter leur activité en les détruisant. Je vous suis obligé cependant de m'avoir communiqué cette triste nouvelle, et je me suis dit à moi-même : Il faut mourir, ou il faut voir mourir les autres, il n'y a pas de milieu. Sur ce, etc.

13. DU BARON DE GRIMM.

Le 28 novembre 1783.



Sire,

Mon premier soin, après avoir reçu la lettre dont il a plu à Votre Majesté de m'honorer le 11 de ce mois, a été de m'acquitter de l'ordre qu'elle renfermait relativement à la correspondance dont M. d'Alembert a été honoré pendant une grande partie de sa vie. J'ai cru devoir m'adresser à ce sujet à M. le marquis de Condorcet, que d'Alembert a nommé son légataire universel. Il m'a fait deux réponses. Par la première, il m'apprend que les lettres de V. M. sont entre les mains de M. Watelet,a de l'Académie française, l'un des exécuteurs testamentaires de M. d'Alembert. J'étais sur le point d'écrire à celui-ci, lorsqu'une seconde lettre de M. de Condorcet m'a paru rendre cette démarche inutile. Je prends la liberté, Sire, de mettre ces deux lettres sous les yeux de V. M., quoiqu'elles n'aient pas été écrites à cette fin; elles serviront à prouver à V. M. ma ponctualité à exécuter ses ordres, et encore que ces ordres seront respectés par les dépositaires de la correspondance.

Le marquis de Condorcet, secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences, l'un des quarante de l'Académie française, est d'une ancienne noblesse du royaume; il vient de perdre son oncle, qui était évêque de Lisieux. Son goût pour les sciences et


a Voyez t. XXIV, p. XIII et 441.