<363>ou à moi, la préservera de son anéantissement, et la conservera à la postérité.

J'ai servi V. M. contre le cri de ma conscience lorsque, à la mort de d'Alembert, elle m'ordonna de veiller sur ce dépôt et d'empêcher sa publication. Si j'avais pu prévoir que M. Watelet suivrait de si près son ami, j'aurais supplié V. M. d'ordonner que ce dépôt fût remis entre mes mains; mais il en est temps encore, et soit que V. M. choisisse le marquis de Condorcet, ou moi, ou tous les deux ensemble, pour réclamer ce dépôt précieux, le zèle sera le même, et nous aurons rendu ce service à la postérité.

Je suis avec le plus profond respect, etc.

25. DU MÊME.

Le 31 mars 1786.



Sire,

Il est certes bien glorieux pour moi que M. le marquis de Condorcet m'ait constitué son facteur auprès de V. M., sans quoi je n'oserais rendre mes lettres si fréquentes; mais en expédiant celles des autres, il me semble qu'il doit m'être permis d'y joindre mon hommage. M. de Condorcet, recommandant à mes soins les deux lettres qu'il vient de me confier, me donne le droit, Sire, de remercier très-humblement V. M. de celle dont elle m'a honoré le 6 février dernier. Si un monarque rassasié de gloire, qui règne sur les bords de la Baltique, ne permet pas qu'on lui parle d'encens, j'ai plus de tort qu'un autre d'être tombé dans cette faute, parce que je ne connais à un homme né sur les bords du Danube aucun droit d'employer une production si précieuse, et je ne sais si, dans l'opinion des Lutéciens vulgairement appelés badauds de Paris, un Obotrite et Vandale n'a pas une très-grande supériorité sur un Danubien ou simple habitant riverain de ce fleuve.

Je désire bien vivement que le comte de Romanzoff, en méritant l'approbation de sa cour, puisse obtenir l'estime de celle auprès de laquelle il va résider. V. M. me fait trop d'honneur en