<399>vous sentez dépeints dans ce que je viens de dire. La mienne me dit que si j'étais fille, je ne craindrais pas de pareils diables en enfer; et, comme garçon, je souhaite que le véritable Belzébuth (en cas qu'il soit) ne triomphe pas plus de mes faiblesses que vous dans cette occasion. J'entrerais sûrement en paradis, et, chose assez rare, il se trouverait que le diable aurait un bon ami au ciel, et qui se dit même avec beaucoup d'estime,



Monsieur,

Votre très-affectionné ami,
Frederic

3. DU COMTE DE MANTEUFFEL.

Berlin, 4 décembre 1735.



Monseigneur,

La lettre que Votre Altesse Royale m'a fait la grâce de m'écrire dès avant-hier, 2 du courant, mais que je n'ai eu l'honneur de recevoir que tantôt, à midi, m'aurait pris sans vert, si je n'y avais été préparé en quelque manière par une autre que je reçus hier au soir du baron de Pöllnitz. Il me mandait que V. A. R. l'avait entretenu sur mon sujet d'une manière très-capable de me donner de la vanité, et qu'elle devait m'avoir écrit, dit-il, pour s'excuser de décider d'un ouvrage que je lui avais envoyé.

Cet avis supposant que j'aurais eu l'effronterie d'exiger une décision de V. A. R., à quoi cependant j'étais bien sûr de n'avoir jamais songé, je crus d'abord que je pourrais, par inadvertance, avoir dit quelque chose d'approchant dans le peu de lignes dont je m'étais donné l'honneur d'accompagner les observations sur les écrits modernes que j'avais pris, monseigneur, la liberté de vous envoyer le 28 du précédent. C'est pourquoi, ayant eu recours à la note que j'en avais gardée, et n'y ayant rien trouvé qui eût pu me faire soupçonner de tant d'impertinence, je me contentai de répondre à Pöllnitz que je ne comprenais rien à ce