<435>la dernière lettre de V. A. R., j'entends celle du 20 du courant, me donna des idées si différentes, que je n'eus pas la patience de l'entreprendre. Je résolus de faire transcrire madite lettre par un de mes gens, et de la laisser d'ailleurs telle qu'elle était, c'est-à-dire, telle qu'elle est ci-jointe, me réservant de vous demander pardon de l'un et de l'autre, en cas que V. A. R. trouve mes raisons trop légères.

J'ai intimé à M. Beausobre qu'il faut qu'il se prépare à prêcher sur la nécessité du jugement futur, dès que V. A. R. sera à portée de l'entendre. Il m'a promis de le faire. Et comme c'est une matière fort ... et fort intéressante, il se flatte de la traiter de manière que V. A. R. ne désapprouvera pas tout ce qu'il en dira.

Je me garderai bien de répondre aujourd'hui à tout le contenu de votre lettre du 20 du courant. Je m'en acquitterai, avec la permission de V. A. R., un autre jour, et je me contenterai, pour le présent, de l'assurer très-humblement qu'elle me rend justice en se persuadant que je m'intéresse de cœur et d'âme à tout ce qui la regarde, et qu'il n'y eut jamais d'attachement aussi dévotement respectueux que celui avec lequel je me glorifie d'être, etc.

16. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Ruppin, 27 mars 1736.



Mon cher Quinze-Vingt,

Je vois bien qu'il faut céder, et, après avoir plaidé une cause qui certainement était bonne, je prépare le triomphe au paganisme. Permettez-moi cependant pour la dernière fois de vous faire remarquer que nous ne nous sommes aucunement bien compris tous deux dans notre dispute; car, en tant que vous parlez de la morale païenne, et que vous voulez lui comparer la nôtre sans y mêler la religion, voilà qui est fini, et vous avez raison. Mais si vous me concédez de parler de religion, et que je vous fasse envisager la morale chrétienne comme émanée de Dieu, législateur