<457>M. de Turenne, il rentra dans lui-même, et ces deux chefs vécurent dans la suite en assez bonne intelligence.

La seconde anecdote regarde le maréchal de Boufflers, et je l'ai entendue du feu comte de Rottembourg. Boufflers ayant donné un commandement à certain lieutenant-général préférablement à un plus ancien, celui-ci vint s'en plaindre comme d'un tort fait à son ancienneté. « Mais de quoi vous plaignez-vous? lui répondit le maréchal; ne savez-vous pas que M. de Villars, plus jeune maréchal que moi, m'a été préféré plus d'une fois? En ai-je moins bien servi le Roi? »

La conclusion que le Quinze-Vingt tire de toutes ces Additions, et le but pour lequel il les avait compilées, c'est qu'elles lui semblent prouver toutes, les unes plus, les autres moins, que les vertus morales, comme les vices, ont été de tous les siècles, et qu'elles ont été pratiquées et des païens, et des chrétiens, indépendamment de la religion. Il ne lui aurait pas été difficile d'en augmenter le nombre; mais il croit qu'en voilà plus qu'il n'en faut pour confirmer la sentence déjà prononcée, et pour faire bâiller peut-être quiconque les lira.

19. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Le 8 avril 1736.

Je ne saurais assez vous témoigner les obligations que je vous ai des peines que vous vous donnez pour m'instruire. Je crains véritablement quelquefois que la correspondance que vous avez commencée avec moi ne vous soit trop à charge. Mais, d'un autre côté, il me semble que des personnes qui joignent, comme vous, dans un degré de perfection les talents à l'acquis doivent quelque chose au public. C'est pourquoi, sans craindre que les peines que vous prenez de faire mon Quinze-Vingt ne soient peines perdues, vous êtes obligé en conscience de vous les donner pour rendre service à votre patrie. Je souhaiterais, de mon côté, de pouvoir en profiter avec autant d'empressement que vous en avez pour m'enseigner.

Ne croyez pas que Mars me fasse faire divorce avec les Muses. Je crois que l'on peut leur rendre leurs cultes séparément, sans