<486>prie de me l'envoyer; et en cas que la matière prévale, je vous prie de ne m'envoyer que la simple notification. Vous voyez par mon procédé que j'agis fort naturellement.

A présent que le sexe est arrivé ici,c il semble que l'endroit en reçoive un nouveau lustre; la conversation n'en est que plus animée, et le plaisir en est plus brillant. Il ne manquerait, pour donner le dernier coup de maître à ce séjour, que la présence du digne Quinze-Vingt et celle de Gresset; je le répète en dépit de la prudence, et, ne me fût-il pas permis de le dire, je n'en penserais pas moins aux sentiments d'estime avec lesquels je suis, etc.

31. DU COMTE DE MANTEUFFEL.

Berlin, 26 août 1736.



Monseigneur,

Étant hier au soir sur le point de signer mon autre lettre, j'eus l'honneur de recevoir celle que V. A. R. a daigné m'écrire le 23 du courant. Elle me fait une grâce singulière en m'assurant que les miennes ne l'importunent jamais. Je me le tiendrai pour dit, et V. A. R. se verra accablée de tant de mes missives, qu'elle m'ordonnera peut-être de les réduire à quelque nombre plus petit.

Je ferai restitution de la lettre de Voltaire au sieur Jordan, qui n'attend que vos ordres, monseigneur, pour aller occuper son appartement et son armoire. Mais V. A. R. trouverait-elle cette lettre de Voltaire aussi bien écrite qu'elle s'est attendue de la trouver? Pour moi, je crois généralement sa prose infiniment au-dessous de sa poésie, et je mettrais bien la main au feu que V. A. R. en pense tout comme moi, d'autant plus qu'il est à présumer que l'auteur, dans l'occasion présente, aura travaillé sa lettre avec quelque application, puisqu'il pouvait prévoir sans peine qu'elle parviendrait aux yeux de V. A. R.


c Voyez J.-D.-E. Preuss, Friedrich der Grosse mit seinen Verwandten und Freunden, p. 64 à 66; voyez aussi le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 148.