<488>plaisir que sa présence vous ferait, monseigneur, ne vaudrait certainement pas les déboires qui en pourraient être la suite. Elle connaît la triple Hécate qu'elle a si bien dépeinte dans ses vers. C'est une divinité qui n'entend pas raillerie en pareilles occasions, et aux volontés de laquelle V. A. R. ne saurait se dispenser de se conformer.

Quant au Quinze-Vingt, il a assez de vanité pour s'imaginer qu'il ne gâterait rien à Rheinsberg; mais il comprend de reste qu'il n'est pas né sous une étoile assez heureuse pour oser se flatter d'y pouvoir aller sitôt exercer sa fonction, quoiqu'il ne croie pas la chose impossible avec le temps.

L'officier du duc de Weissenfels m'envoie les deux lettres de notification, et je les joins ici. Je vois au travers du papier qu'elles sont en allemand, et je juge par là que Vos Altesses Royales trouveront apparemment nécessaire de les envoyer, après les avoir ouvertes, au général Borcke, afin qu'il fasse dresser les réponses selon l'étiquette de la chancellerie. J'ose d'ailleurs avertir V. A. R. que le duc de Weissenfels a personnellement une très-profonde et sincère vénération pour elle, et que je souhaiterais fort qu'on glissât quelque chose d'obligeant pour lui dans votre réponse, d'autant plus que je lui ai conseillé confidemment de recourir à la protection de cette cour-ci, en cas que celle de Dresde lui donne occasion de se plaindre.

Je vous demande pardon, monseigneur, de ce que je m'ingère ainsi en tout ce qui concerne V. A. R. Je ne le ferais certainement pas, si j'étais avec une dévotion moins parfaite que je ne suis, etc.

32. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Rheinsberg, 23 septembre 1730.



Mon très-cher général,

Le maître de poste m'ayant rendu fort tard votre lettre, je crains fort que celle-ci ne vous parvienne aussi de même. Je vous