<494>vie n'en est qu'un seul tissu. Adieu, mon cher général; je vous souhaite beaucoup de santé, sans quoi le reste ne se compte pour rien. Croyez-moi, je vous prie, d'ailleurs, bien sincèrement, etc.

36. DU COMTE DE MANTEUFFEL.

Berlin, 9 octobre 1736.



Monseigneur,

J'ai reçu avec respect celle dont Votre Altesse Royale m'a honoré, du 7 de ce mois. J'ai demandé à Praetorius d'où provenait son rappel. Il m'a dit que sa cour était fort dégoûtée du peu d'attention de celle d'ici, en ce qu'on envoyait des gens d'aucun caractère chez eux; que, après avoir rappelé le comte de Wartensleben pour épargner quelques centaines d'écus, on lui avait substitué un Kuhlwein,a et puis un comte de Schwerin, auquel on avait donné le caractère de Legations-Rath, et qu'on savait très-mal dans l'esprit du Roi; que d'ailleurs on ne répondait à aucune politesse de leur côté; au contraire, qu'on ne répondait pas seulement aux plaintes qu'on faisait de leur côté sur les griefs des levées, etc. Il a paru me vouloir faire entendre que, comme chacun avait ses ennemis, et qu'il n'était pas à la mode auprès des bigots, cela avait accéléré son rappel, dont il paraît assez décontenancé; et comme le nombre des gens sociables et raisonnables est fort rare, je le regrette infiniment. Je crois qu'il sera suivi bientôt des autres, et M. de La Chétardie, qui a voulu présenter un certain Tourville qui doit résider à Königsberg, a reçu pour réponse de Wusterhausen : Hier kommt kein Fremder her. J'en suis bien aise, car on dit qu'il y a actuellement cinq fous en titre d'office; et cela ne donne pas une perspective fort agréable pour des gens qui ne sont pas dans ce goût.


a Voyez le Journal secret du baron de Seckendorff, p. 73. M. de Kuhlwein, auparavant conseiller de régence à Halberstadt, était déjà envoyé de Prusse à Stockholm en 1735.