<551>Adieu; ayez grand soin de votre santé, et portez-vous bien; c'est ce que vous avez de mieux à faire, et par où vous pourrez obliger le plus sensiblement celui qui est tout à vous.

31. AU MÊME.

Camp de Trautenau, 8 octobre 1745.



Mon cher Rottembourg,

Votre chirurgien est venu, qui m'a donné votre lettre. Il m'a tranquillisé tout à fait au sujet de votre santé. Je vous donne mille bénédictions sur votre chemin, ne désirant que de vous revoir en bonne santé. Nous ne pourrons guère séjourner dans ce camp au delà du 12, et je verrai si je pourrai pousser ma campagne inclusivement jusqu'au 20; ce sera le bout du monde. Ensuite les quartiers d'hiver se régleront, et je ne pourrai être tout au plus que vers le 4 ou le 5 de novembre à Berlin. Nous avons eu une bataille au fourrage d'aujourd'hui; les ennemis y sont venus forts de huit mille hommes. Nous y avons quarante-huit hommes de blessés et dix de tués. La maudite guerre!

Je commence à m'équiper tout doucement. J'ai reçu hier de la poudre de cheveux, et aujourd'hui un lit avec des peignes. Vous verrez que je tiendrai encore état avant que de quitter la Bohême.

Je n'ai encore aucune nouvelle; mais je les aurai sans faute à l'arrivée de Möllendorff, et j'espère far fine al mio tormento.a Adieu, mon cher; ayez soin du corps le plus débile que je connaisse, et que la fragilité de votre machine ne vous empêche pas de penser quelquefois à vos amis.

32. AU MÊME.

Rohnstock, 24 octobre 1745.



Mon cher Rottembourg,

Je viens de recevoir votre lettre sans date, de Liegnitz, et je ne sais par quel hasard elle s'est promenée si longtemps avant que de me parvenir. Nous avons eu une petite bataille avant que d'atteindre Schatzlar; on a envoyé beaucoup de pandours au diable, et nous y avons malheureusement aussi perdu quelque chose. Nous voici en cantonnement; les ennemis vont se séparer le 28; le prince Charles part pour Vienne. J'attends avec impatience la fin de l'affaire, que tout le monde désire, et je crois que c'est immanquable. Vous me faites plaisir de me parler de la bonne disposition des gens du pays; je fais ce que je puis pour l'entretenir, mettant toute la douceur que je puis dans ma façon d'agir envers eux. Je crois que je pourrai quitter ce quartier le 28; j'irai à Breslau, et j'y resterai jusqu'au 31, que je vais d'une traite à Grünberg, et le 1er à Berlin. Je ne sais où vous êtes, ni quand ma lettre vous parviendra; toujours soyez persuadé que je suis votre fidèle ami.

Mon frère Henri s'est extrêmement distingué dansa noire marche du 16,b et on commence à connaître dans l'armée ses talents, dont je vous ai si souvent parlé.


a Voyez t. XIX, p. 119, et t. XX, p. 299.

a Le mot dans est omis dans l'autographe.

b C'était le 16 qu'avait eu lieu la petite bataille dont il est question au commencement de cette lettre. Voyez t. III, p. 160 et 161.