<602>voilà tout ce qu'on leur demande. Cela ne terminera pas la guerre; les Autrichiens, selon leur noble usage, seront les derniers à s'accommoder; mais ils seront bien obligés d'y venir, dès qu'un allié aussi puissant que la France les aura quittés. J'espère donc que cette année mettra fin à la misère de tant de peuples, et aux calamités qui affligent l'humanité d'un bout du monde à l'autre. Voilà, madame, de quoi je me flatte; voilà ce qui me fait passer sur tout ce que je trouve d'incongru dans mes procédés de vous adresser des lettres qui, contenant de tout autres objets, ne mériteraient pas de passer par vos mains. Je vous en demande encore mille pardons; mais si mes soins réussissent, l'Europe vous sera sûrement redevable de la paix, que tout ce qu'il y a de sensé désire.

Oserais-je vous prier de ne point laisser apercevoir à Voltaire que vous êtes du secret? Cela pourrait ombrager le duc de Choiseul, qui est proprement la cheville ouvrière de tous ces pourparlers, et qui ne voudrait pas peut-être que son secret fût pénétré. Que je serais heureux, si, à la fin de cette horrible guerre, je pouvais être assez heureux que de jouir, comme à Gotha, de tous les agréments de votre conversation, de vous revoir, madame, de vous admirer encore, et de vous témoigner de vive voix tous les sentiments de la haute estime et de la considération avec lesquels je suis,



Madame,

de Votre Altesse
le très-fidèle cousin et serviteur,
FEDERIC.

2. DE LA DUCHESSE LOUISE-DOROTHÉE DE SAXE-GOTHA.

Gotha, 27 août 1768.



Sire,

Les bontés de Votre Majesté, dont je viens encore de recevoir les marques flatteuses par sa lettre gracieuse et adorable du 14 de ce mois,a m'enhardissent de nouveau à lui en témoigner ma respectueuse reconnaissance. Je suis vivement touchée de l'intérêt que V. M. daigne prendre à la santé du Duc, et de tout ce qu'il


a Voyez t. XVIII, p. 260-267, no 52.