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6. A LA MÊME.

Potsdam, 12 novembre 1768.



Madame la comtesse de Skorzewska,

Je ne saurais qu'applaudir au zèle que vous faites paraître dans votre lettre du 10 de ce mois pour terminer les troubles qui déchirent votre patrie. Mais le malheur est que vous ne sauriez plus vous promettre d'heureux succès. Il est toujours plus facile de former que d'exécuter de pareils projets d'accommodement, et dans la position actuelle des affaires, ce serait peine perdue de vouloir faire le médiateur entre les Russes et les confédérés. Il y a un an qu'il aurait fallu prendre des dispositions aussi pacifiques, et on aurait pu se flatter de rapprocher les esprits. Mais à présent que le feu de la discorde a gagné partout, et que l'animosité est portée à son comble, ce serait vouloir se faire illusion de gaité de cœur que de s'imaginer seulement qu'on pût y réussir. Les Russes sont en marche, et les Turcs également.a Il n'y a donc plus que la supériorité des uns ou des autres qui décidera le sort de la Pologne. En attendant, vous pouvez compter que je m'intéresserai toujours au vôtre, et que, s'il est tel que je le souhaite, il sera toujours heureux et proportionné à vos mérites. Et sur ce, etc.

7. A LA MÊME.

Potsdam, 5 décembre 1768.

J'ai reçu, madame la comtesse de Skorzewska, votre lettre du 4 de ce mois, et vous avoue en réponse que vous aurez de la peine à persuader le monde que votre mari ait été forcé par les confédérés d'accepter la charge de grand maréchal, comme vous me l'annoncez. La conduite qu'il a tenue fit bien soupçonner


a Voyez t. VI, p. 18 et suivantes.