<71>un vrai plaisir de vous voir ici et de vous entretenir; ce sera un bon moment, qui pourra entrer pour moi en compensation d'autres moments désagréables. Je vous devrai cette satisfaction, et je me propose bien de vous en témoigner ma reconnaissance. Sur ce, etc.

183. DE D'ALEMBERT.

Paris, 28 avril 1777.



Sire,

M. de Catt a dû instruire Votre Majesté des tristes raisons qui ne me permettent pas d'aller mettre à ses pieds tous les sentiments de reconnaissance, de vénération et de dévouement que je lui dois. Je ne répéterai point à V. M. ce détail affligeant pour moi et ennuyeux pour elle. La situation où je me trouve est d'autant plus sensible pour moi, qu'assurément je ne pourrai rien substituer au plaisir que je me promettais de passer quelques moments auprès de V. M., de la voir encore et de l'entendre, de philosopher avec elle, et de lui parler de tout ce qui l'intéresse, bien plus que de ce qui m'intéresse moi-même. Je ne puis cependant, Sire, renoncer entièrement à l'espoir de revoir encore V. M.; mais je n'ose plus former des projets, ni lui faire des promesses, dans la crainte de ne pouvoir encore les remplir. Comme je me flatte que je ne serai pas toujours languissant et malheureux, peut-être trouverai-je encore quelques moments de ma vie que je pourrai consacrer à V. M., et ce seront à coup sûr les plus agréables pour moi. Puisse la destinée m'accorder encore cette faveur!

V. M. a mis le comble à toutes ses bontés pour moi par les facilités de toute espèce qu'elle a bien voulu me procurer pour ce voyage; je n'en abuserai jamais, quand je me trouverais dans le cas d'en profiter; et un de mes plus grands regrets est de ne pouvoir en témoigner moi-même à V. M. ma tendre reconnaissance.