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36. AU MÊME.

Ce 2 (octobre 1754).



Mon cher frère,

Je vous suis fort obligé de votre obligeant souvenir. Je suis à présent à me raccoutumer à une vie bourgeoise et unie, et à vivre à ma façon, après avoir vécu six mois selon que ce temps-là l'exigeait. J'ai pensé à mettre votre régiment d'infanteriea plus ensemble, comme vous l'avez désiré souvent, et cela se peut faire à présent très-bien, puisque Nauen est vide, où vous pouvez mettre commodément quatre à cinq compagnies; moyennant quoi les bataillons restent ensemble, le régiment se trouve à portée d'être rassemblé dans six heures, et l'ordre, la subordination et la conservation des troupes s'ensuivra nécessairement. Je vous embrasse, mon cher frère, en vous assurant de la tendresse avec laquelle je suis, etc.

Votre petit commence à s'enhardir; il aime beaucoup la chasse du blaireau. C'est sa récréation quand il a bien appris.

37. AU MÊME.

(Potsdam) ce 8 (avril 1756).



Mon très-cher frère,

Je vous vois occupé, dans votre garnison, de lectures toutes militaires, adaptées aux occupations journalières. Vous lisez les Mémoires de M. de Luxembourg; il y a deux choses que j'y admire : la vigilance à tout voir par ses yeux, et son coup d'œil pour prendre un parti décisif dans les batailles. C'était un homme supérieur en tout genre, qui ne faisait aucune manœuvre en vain, et qui pensait plutôt à mener toute une campagne à la fin qu'il


a Le 18e, en garnison à Spandow. Voyez t. IV, p. 161.