<215>choses parviennent à quelque affaire décisive; sinon, nous sécherons sur pied, nous nous consumerons nous-mêmes, et à la fin les choses empireront bien au delà de ce qu'elles sont à présent. Ainsi tenons-nous cela pour dit, et n'évitons pas les occasions propres à nous y conduire; en temporisant, nous risquons notre perte certaine. J'aurais pris pour une faveur de la fortune si j'avais pu mener ici les choses à une bataille avec Daun. J'aurais eu au moins le corps de Hülsen avec moi, qu'il me faudra quitter à présent, pour le laisser ici. Mais imprimez-vous bien qu'il faudra que je combatte avec Daun, soit au passage de l'Elbe, soit quand je voudrai entrer en Silésie. Soyez assuré que cela ne saura pas se démêler sans ceci, et je me rendrais responsable devant tout le monde honnête, si je voulais rester ici les bras croisés, tandis que tous mes États sont exposés aux plus éminents périls. Je suis avec toute la considération la plus distinguée et avec bien de l'attachement, etc.

86. DU PRINCE HENRI.

Lissa, 5 août 1760.



Mon très-cher frère,

Breslau est délivré pour ce moment. Loudon s'est retiré avec précipitation sur Canth et Zobten, après avoir bombardé et réduit une partie de la ville, particulièrement votre palais, en cendres. J'ai eu le bonheur que l'ennemi a abandonné le camp de Parchwitz, retranché comme une forteresse, et oùa un corps aurait pu se défendre, mais qui était préparé pour les Russes. Je passerai l'Oder vraisemblablement demain. Je dépends des nouvelles que je reçois, ayant deux armées entre lesquelles je me trouve. Si j'ai du bonheur dans cette situation, et si l'ennemi, pour le coup, ne profite pas de sa supériorité, j'en serai très-fort étonné. J'ai fait tout ce qui m'a été humainement possible; nous


a Les mots et où, omis dans le manuscrit, nous ont paru nécessaires au sens.