<216>avons fait force de marches, et Loudon a été surpris; sans quoi il aurait pris le camp de Parchwitz, où je défie de passer ensuite à qui que ce soit. Mais j'avoue que si j'avais prévu les difficultés que je trouve dans cette campagne, et celles que je prévois encore, je vous aurais prié de me dispenser d'un emploi que je regarde quasi comme impossible à remplir.

87. AU PRINCE HENRI.

Camp de Hohendorf sur la Katzbach. 9 août 1760.

Il n'est pas difficile, mon cher frère, de trouver des gens qui servent l'État dans les temps aisés et fortunés; de bons citoyens sont ceux qui servent l'État dans un temps de crise et de malheur. La réputation solide s'établit à exécuter des choses difficiles; plus elles le sont, et plus elles honorent. Je ne crois donc pas que ce soit votre sérieux, ce que vous m'écrivez. Il est sûr que ni vous ni moi ne saurions être responsables des événements dans la situation présente; mais dès que nous avons fait tout ce que nous pouvons, notre propre conscience et le public nous rendra justice.

Quant à la position présente de mes affaires, vous saurez que j'ai occupé Liegnitz comme un poste; je suis marché aujourd'hui sur Goldberg, et en même temps que Daun, Loudon y est aussi venu de Reichenberg, et Beck après sa retraite de Bunzlau. Selon toutes les apparences, ces affaires ici se décideront en peu de jours; nous combattrons pour l'honneur et pour la patrie; tout le monde fera l'impossible pour réussir. La supériorité du nombre ne m'effraye point; mais, malgré toutes ces circonstances, je ne réponds pas de l'événement. Si Daun ne fait aucun mouvement demain, je marcherai du côté de Jauer, et franchirai le chemin de Schweidnitz, pour en tirer mes pains et mes vivres.a J'ai


a Voyez t. V, p. 66.