<326>

209. AU MÊME.

Potsdam, 1er octobre 1770.



Mon très-cher frère,

Je vous envoie une lettre ostensible, que vous pouvez montrer à Panin ou même à l'Impératrice, si l'occasion s'en présente. Sans doute, mon cher frère, que pour être bien informé des choses, il faut puiser aux sources mêmes, et les conversations que vous pourrez avoir avec l'Impératrice ou son ministre nous donneront des notions sûres, sur lesquelles on pourra tabler. La nouvelle de l'Espagne que je vous mande est très-certaine. D'autre part, les Français, en Danemark, ont été assez adroits pour culbuter Bernstorff. Cela va sûrement détacher ce royaume de l'alliance des Russes, et cela ne peut que nous être favorable, car nous sommes le seul allié qui leur reste, et en même temps ce changement, quoiqu'il ne soit pas encore tout à fait à maturité, doit faire désirer la paix à l'Impératrice; elle est d'ailleurs modérée dans les conditions qu'elle exige, de sorte que tout me fait espérer la fin de cette malheureuse guerre. Il s'agit encore de voir si l'Impératrice ne voudrait pas se hâter de pacifier les troubles de la Pologne, même avant de signer la paix avec les Turcs. Vous verrez, à Pétersbourg, tout ce que je propose sur ce sujet; c'est à quoi, mon cher frère, je vous renvoie. Je suis, etc.

210. AU MÊME.

Potsdam, 8 octobre 1770.



Mon très-cher frère,

Vous pouvez sans doute parler en mon nom à l'impératrice de Russie. Vous voyez bien, mon cher frère, qu'il ne vous convient pas d'avoir un créditif. Si vous étiez parti d'ici directement, je vous aurais sans doute chargé d'une lettre pour cette princesse;