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321. DU PRINCE HENRI.

Jörgenthal, 1er août 1778.



Mon très-cher frère,

L'ennemi ne s'est pas attendu que nous entrerions par Schluckenau et Rumbourg en Bohême, à cause des chemins horribles que nous avons eus à passer, et que nous avons encore devant nous. C'est ce que m'a dit un officier prisonnier. J'espère demain gagner les débouchés vers Leipa. Le général Möllendorff vise sur Tetschen, et a passé hier quatre abatis. Il y a eu des pandours brûlés dans une maison. Nous avons en tout une centaine de prisonniers. J'ai cinq corps qui ne peuvent pas se joindre aisément; mais il n'y a pas moyen de passer par cet horrible pays sans avoir ses flancs garnis. Voici mes nouvelles ....

322. DU MÊME.

Camp de Röhrsdorf, 3 août 1778.



Mon très-cher frère,

Je me suis mis en marche hier pour venir jusqu'ici. J'ai le bonheur d'avoir Gabel. J'ai Zwickau, où j'ai un débouché pour Zittau. Je suis obligé d'aller très-prudemment, car si jamais ma retraite était coupée, il n'est pas possible de se tirer d'ici. Si vous allez en Moravie, je ne puis rester en Bohême. En voulant s'approcher de l'Elbe, on garde tous les défilés derrière soi, et il faut les avoir vus pour s'en former une idée. Le général Platen campe à Gamig; le prince de Lichtenstein est dans ses redoutes d'Aussig et Türmitz. Loudon a été à Neuschloss; de là il a été à Niemes, et hier il est allé à Hünerwasser et Weisswasser; il veut nous tourner par la gauche, du côté de Gabel. J'y fais retrancher les Saxons jusqu'aux dents. J'y ai Bellinga et le corps


a Voyez ci-dessus, p. 144 et 195.