<499>gers; ils n'entreraient sûrement pas dans ma maison, ne fusse-je que le dernier des gentilshommes.

Voici des fruits qu'on m'apporte. Je me hasarde, mon cher frère, de vous les offrir comme les précédents, en vous assurant du tendre attachement et de la haute estime avec laquelle je suis, etc.

376. AU MÊME.

Le 14 décembre 1782.



Mon très-cher frère,

Les hommes, mon cher frère, sont aussi différenciés par leur caractère que par leur physionomie, ce qui empêche de les placer tous dans la même catégorie. Je conviens que malheureusement il y a de tels scélérats endurcis dans le crime qui se laissent aveugler par leurs passions, et ne se donnent pas le temps de réfléchir; il y a, d'autre part, des scélérats raffinés qui mettent leur gloire dans leurs supercheries, dans la trahison, dans tout ce qu'il y a de plus atroce, et il est certain, mon cher frère, comme vous le dites, que la raison se tait quand la passion est violente. Les mauvais exemples encouragent les vicieux, et ils se livrent aveuglément à leurs désirs quand ils voient que beaucoup d'autres font la même chose. Je conviens, mon cher frère, avec vous de tout ceci; cependant cela ne m'empêche pas de croire que, dans le moment du silence des passions, il n'y ait des intervalles où les malfaiteurs sont mécontents d'eux-mêmes, et, sans se faire des reproches trop vifs, désireraient de se trouver dans une autre situation qu'est la leur. Dans les temps de César Borgia, les assassinats et les poisons servaient d'armes à la vengeance. Pourquoi s'y livrait-on sans retenue? Parce que le pape, père de ce monstre, et monstre lui-même, lui persuadait qu'il effaçait tous ces crimes par ses absolutions. Ce sont, mon cher frère, ces malheureuses absolutions qui ont encouragé à des actions atroces une infinité de misérables, qui ont inondé l'univers