<500>de sang, et qui ont effacé les remords des crimes. La religion catholique a été une source empoisonnée qui a perverti les mœurs, en remplaçant la vertu par de vaines momeries; des cérémonies, des dons aux couvents, des pèlerinages, des absolutions ont affaibli le principe réprimant que le diable (le Mummelacka) des chrétiens pouvait effectuer, et, proportion gardée, plus de méchantes actions se commettent par les catholiques que par les protestants; par exemple, dans ce pays-ci, je signe tout au plus sept ou huit arrêts de mort par an,b tandis que dans la ville de Paris seule, autant de personnes s'exécutent par mois. J'abandonne enfin ce sujet si humiliant pour l'espèce humaine, pour la nouvelle de la paix, qui est autant que faite,c mon cher frère, que j'ai le plaisir de vous annoncer; le commerce, qui a été si longtemps gêné, reprendra vie, et tout rentrera dans l'ordre accoutumé. J'espère, vers la fin de ce mois, d'avoir le plaisir de vous embrasser à Berlin, et de vous assurer de vive voix du tendre attachement et de l'estime avec laquelle je suis, etc.

377. AU MÊME.

Le 2 février 1784.



Mon très-cher frère,

Vous avez bien de la bonté de vous intéresser à ma santé. Il me semble, mon cher frère, que nous branlons tous au manche, et


a Le mot Mummelack se trouve dans le dictionnaire allemand d'Adelung, à l'article Der Mummel.

b Voyez t. XXIII, p. 461, et ci-dessus, p. 550. En 1852, sur une population de 16,935,420 âmes, le nombre des arrêts de mort prononcés en Prusse a été de quarante-deux. Sur ce nombre total, deux des criminels ont été condamnés par contumace, un autre s'est tué, il en est mort un avant la décision royale, et Sa Majesté a signé quatorze arrêts sur les trente-huit qui ont été soumis à sa confirmation.

c Les préliminaires de la paix entre la France, l'Angleterre et l'Espagne furent signés à Versailles le 20 janvier 1783; la paix définitive y fut conclue le 3 septembre suivant.