<506>Notre affaire avec la ville de Danzig n'est pas encore tout à fait terminée. On m'a fait des propositions dans lesquelles je ne saurais entrer; j'en ai fait d'autres dans lesquelles j'espère qu'on entrera. Toutes les affaires en Europe jusqu'ici sont encore dans une grande confusion; mais je crois que cela se débrouillera bientôt. Cependant, mon cher frère, malgré votre bonne volonté, il ne faut pas vous jeter à la tête de ces gens, parce qu'il est plus sage de voir venir que de faire des avances. Je suis, etc.

381. AU MÊME.

Neisse, 21 août 1784.



Mon très-cher frère,

Je suis bien aise d'apprendre, mon cher frère, que vous vous amusez bien dans votre voyage. Je sais que M. Buffon sera quelque part sur votre chemin vers Lyon; il est, dans ce temps de disette, le meilleur écrivain français pour le style; mais en fait de philosophie, il consulte plus son imagination que son bon sens. Je n'ai point rencontré dans ma course de gens de lettres, mais bien M. Bouillé,a célèbre par maints débarquements, qui est un homme de mérite et, je crois, un des meilleurs militaires que la France possède actuellement. Je traîne ma vieille carcasse tant bien que mal; les forces sont épuisées, il ne me reste que la bonne volonté, et encore ce ne sera pas pour longtemps. Je m'arrête ici, mon cher frère; je suis entraîné par un tourbillon militaire, et par quantité de choses qu'il faut régler dans la province, qui absorbent tous les moments de ma journée. Je suis, etc.


a François-Claude-Amour marquis de Bouillé, né en 1789, se distingua dans la guerre de sept ans; il fut fait colonel en mars 1761, gouverneur général des îles du Vent pendant la guerre d'Amérique, et lieutenant-général en 1782. Il mourut à Londres en 1800. Les conversations qu'il eut avec Frédéric, en 1784 et en 1785, se trouvent dans l'Essai sur la vie du marquis de Bouille, p. 135 et suivantes, et p. 164 et suivantes.