<523>Nous aurons aujourd'hui le duc de Weimar ici;a il s'en retourne chez lui, et j'avoue qu'il est bien supérieur à son père, à son grand-père, ainsi qu'à son bisaïeul; pour trouver un homme comme il faut dans sa famille, il faut remonter jusqu'au fameux Bernard de Weimar.b Dans ce moment, je reçois des raisins de Hongrie, arrivés ici assez bien conditionnés. Je vous prie, mon cher frère, d'accepter les ci-joints, en vous assurant du tendre attachement et de toute l'estime avec laquelle je suis, etc.

404. AU MÊME.

Le 6 février 1786.



Mon très-cher frère,

Depuis le temps que je n'ai pas eu la satisfaction de vous écrire, j'ai souffert comme un damné de l'asthme, qui empire chez moi journellement. Le médecin,a qui se mêle un peu de sorcellerie, m'a endiablé aujourd'hui par un démon nommé assa fœtida, qui, par le moyen d'une canule, m'est entré au ventre, et fait rage dans les boyaux. On dit que le diable est l'ennemi juré de mon mal, et qu'ainsi, à coup sûr, s'il l'emporte, je serai possédé par lui, ou, s'il perd sa cause, je continuerai d'étouffer sans cesse, jusqu'au moment qui terminera mes souffrances. S'il fallait choi-


a Charles-Auguste, grand-duc de Saxe-Weimar-Eisenach, naquit à Weimar le 3 septembre 1757. Il succéda, le 28 mai 1758, à son père Ernest-Auguste-Constantin, sous la tutelle de sa mère, qui lui remit le gouvernement le 3 septembre 1775. Il épousa, le 6 octobre 1775, la princesse Louise de Hesse-Darmstadt, et mourut, le 14 juin 1828, à Graditz, près de Torgau, en retournant de Berlin chez lui. La duchesse Amélie sa mère était fille de la duchesse Charlotte de Brunswic, sœur de Frédéric. Celui-ci conféra à son petit-neveu l'ordre de l'Aigle noir le 19 janvier 1786. Déjà le 3 décembre 1762, à Weimar, et au mois de juin 1771, à Brunswic, Frédéric lui avait donné les éloges les plus flatteurs. Voyez les Historische und politische Denkwürdigkeiten des Grafen von Goertz. Stuttgart, 1827, t. I, p. 8.

b Voyez t. I, p. 52.

a C.-G. Selle. Voyez son ouvrage ci-dessus cité, p. 24..