<92>lippe de Comines, etc.a Les ouvrages de critique en tout genre sont de la troisième espèce. La critique, quand elle est judicieuse, est très-instructive; elle apprend à distinguer et à discerner le bon du mauvais, l'éclat de la vérité du fard de l'apparence; elle découvre avec un œil perçant la vérité sous le voile captieux d'un discours qui la cache; elle observe la connexion d'un discours, pèse la validité des raisons, et apprécie au juste le degré de probabilité qu'elles ont. Il y a une infinité d'ouvrages dans ce genre sur toutes sortes de sujets différents, et dont on peut faire un grand profit. Je vous demande pardon du long verbiage que je vous fais; le plaisir que j'ai de vous écrire me fait oublier que je vous ennuie. J'attends avec impatience le plaisir de vous embrasser, vous priant de me croire avec les sentiments les plus tendres, mon cher frère, etc.

11. AU MÊME.

Potsdam, 13 octobre 1746.



Mon cher frère,

Mes ouvrages méritent assez peu la peine d'être lus; je les composeb en partie pour mon amusement, et en partie pour que la postérité voie d'un coup d'œil mes actions et les motifs qui m'ont fait agir. J'ai ouï faire tant de faux jugements sur les actions des princes, la plupart du temps manque de connaissance! Les circonstances rendent un lait injuste ou innocent; mais lorsqu'on ignore parfaitement ces circonstances, quel arrêt peut-on prononcer? Je ne demande ni louange, ni blâme; je ne veux qu'avoir sujet moi-même d'être satisfait de ma conduite et de n'avoir nul


a Voyez t. II, p. XV.

b Frédéric écrit au Prince de Prusse, de Potsdam, 9 octobre 1746 : « Je suis à présent plus occupé que jamais à mettre la dernière main à mes Mémoires, et j'espère d'avoir achevé tout l'ouvrage avant le mois de décembre. » Voyez, sur ces Mémoires, t. II, p. 1.