162. AU MÊME.

Potsdam, 30 juillet 1763.



Mon cher frère,

Je vous ai des obligations infinies de la relation de votre campagne que vous avez la bonté de m'envoyer. Je l'ai lue et relue avec plaisir, et la conserverai précieusement. J'ai à présent ici ma sœur de Schwedt et ses filles, que je tâche d'amuser de mon mieux. Ma sœur et moi nous nous entretenons du vieux temps, comme à peu près les vieux lieutenants-colonels français se parlent de leurs anciens faits d'armes; mais tout cela n'est plus qu'un songe. Il y a des événements de ces temps dont j'ai été témoin, qui me paraissent presque fabuleux, et qui cependant sont <282>très-réels. Nous avons ici madame de Pannwitz et mademoiselle de Knesebeck.323-a J'ai entendu chanter mes nièces, qui s'en acquittent fort joliment.323-b Il leur faut un bal; je suis bien embarrassé pour l'arranger. Nous manquons de dames; il faudra peut-être faire mettre dans les Intelligences323-c que quiconque a envie de danser vienne à telle heure se rendre au lieu marqué. On dit Brühl fort mal; il a l'hydropisie, et l'on prétend que ce M. de Goltz323-d qui est à Berlin pourrait bien lui succéder, ce, je crois, de quoi vous et moi nous nous soucions le moins. Ne doutez pas, mon cher frère, des sentiments de la parfaite estime et de la tendresse avec lesquels je suis, etc.


323-a Voyez t. XIII, p. 130.

323-b Voyez t. XXIV, p. 92.

323-c Feuille d'annonces de Berlin, intitulée Intelligenzblatt.

323-d Voyez t. XXIV, p. 46.