<10>dités vous abandonnent. A présent, je suis encore une fois aussi tranquille que j'ai été, et je commence à être quitte des cruelles angoisses dans lesquelles je me suis trouvé sur votre sujet. Je ne désespère pas non plus d'avoir le bonheur de vous revoir bientôt, ma très-chère sœur, et les mêmes Français qui ont passé le Rhin m'en fourniront l'occasion, car je prétends faire la guerre et montrer à messieurs les Français qu'il y a dans le fond de l'Allemagne de jeunes aigrefins assez insolents qui se présenteront devant la face de toutes leurs armées sans trembler. Avant que de partir, je ferai tondre la Montbail;a de la peau de sa tête je ferai une tête de Méduse que j'attacherai sur mon bouclier; du cuir de son beau corps blanc je me ferai faire un buffle où je crois que les boulets de canon auront honte d'entrer; et d'une de ses longues dents taillée en pointe je me ferai faire une lance avec laquelle j'exterminerai la France. Dans ce noble équipage, je viendrai me présenter devant vous, ma très-chère sœur; ainsi je vous en fais d'avance la description, de crainte que nous puissiez me méconnaître. J'attends avec beaucoup d'impatience l'heureux moment où mon cœur pourra vous réitérer tout ce qu'il sent, ma très-chère sœur, sur votre sujet; car je vous assure qu'il est tout rempli de vous, et que personne au monde n'est plus que je le suis avec un parfait attachement, etc.

Je vous prie, n'oubliez pas la bonne Sonsine.a


a Voyez, t. XVI, p. XII et XIII, art. XII, et p. 208, 209 et 210; t. XXVI, p. 63. Voyez aussi les Mémoires de la Margrave, t. I, p. 327, et t. II, p. 90, 91, 102 et 103, et la traduction de cet ouvrage, intitulée : Denkwürdigkeiten aus dem Leben der Markgräfin von Baireuth (t. I), p. 195.

a Mademoiselle de Sonsfeld, gouvernante de la Margrave depuis 1721, et appelée dès lors madame de Sonsfeld dans les Mémoires de cette princesse, t. I, p. 64, 66, 67 et suivantes. Voyez notre t. XVIII, p. 266 et 267. En 1731, elle fut nommée abbesse de Wolmirstedt, et suivit la Margrave à Baireuth.