<126>sans la connaître; ainsi je suis persuadé que sa beauté achèvera le reste. Je suis avec toute l'estime imaginable, ma très-chère sœur, etc.

143. A LA MÊME.

Potsdam, 6 avril 1744.



Madame ma très-chère sœur,

C'est avec une extrême surprise que je viens d'apprendre, par une lettre du général de Marwitz,a que vous travaillez à un mariage entre sa fille aînée et le comte de Burghauss,b en demandant même le consentement du susdit général. C'est une entreprise qui me frappe d'autant plus d'étonnement, que vous vous souviendrez sans doute de la volonté déclarée du feu roi notre très-cher père, qui, en vous donnant les de Marwitz, voulut expressément qu'elles ne devaient se marier hors du pays, et qu'elles retourneraient ici avec le temps. Ainsi j'espère que votre esprit et l'amitié que vous avez pour moi vous empêchera d'aller plus loin dans cette affaire, et que vous vous opposerez ouvertement à la conclusion de ce mariage, qui me déplaît infiniment, et qui ne saurait jamais être agréé par le général de Marwitz, qui, au lieu d'y souscrire, en souffrira au delà des expressions, jusqu'à risquer sa vie par un mortel chagrin qui suffira de me priver d'un si brave et si digne général. Ce sont les raisons qui me portent à croire que vous aurez trop de bonté de cœur et trop d'affection pour moi pour ne pas vous désister de celte funeste entreprise, que je désavouerai toujours. Au contraire, si la fantaisie de la de Marwitz la pouvait aveugler à un tel point, qu'elle voulût, contre ma volonté déclarée, épouser le comte de Burghauss, elle peut compter que je la ferai déclarer indigne et inhabile à participer à l'héritage considérable de son père, ce qui


a Voyez t. II, p. 93, et t. III, p. 87.

b Mémoires de la Margrave, t. II, p. 4, 227 et 228.