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232. A LA MÊME.

Le 21 novembre 1751.



Ma très-chère sœur,

Je prends la liberté de vous envoyer toutes sortes de babioles. Je souhaite de tout mon cœur qu'il y en ait parmi qui vous soient agréables. Le tableau est fait par des ouvriers d'ici, et il me semble qu'à une certaine distance il fait illusion. Je suppose que vous aimez encore les ananas, et qu'ils ne vous sont pas nuisibles; c'est pourquoi j'ose vous en offrir.

Nous avons perdu le pauvre La Mettrie. Il est mort pour une plaisanterie, en mangeant tout un pâté de faisan; après avoir gagné une terrible indigestion, il s'est avisé de se faire saigner, pour prouver aux médecins allemands qu'on pouvait saigner dans une indigestion. Cela lui a mal réussi; il a pris une fièvre violente qui, dégénérée en fièvre putride, l'a emporté.a Il est regretté de tous ceux qui l'ont connu. Il était gai, bon diable, bon médecin, et très-mauvais auteur; mais, en ne lisant pas ses livres, il y avait moyen d'en être très-content.

Je vous supplie, ma chère sœur, de me croire avec la plus parfaite tendresse et les sentiments de la plus haute estime, etc.

233. A LA MÊME.

Ce 29 (décembre 1751).b



Ma très-chère sœur,

Sensible à vos bontés autant qu'on peut l'être, je vous rends grâce de votre cher souvenir et de la belle statue que vous avez eu la bonté de m'envoyer; je la conserverai précieusement comme antique, mais surtout comme venant de vous. Ce me sera une


a Voyez t. VII, p. 26-32.

b La réponse de la Margrave à cette lettre est datée du 17 janvier 1752.