<218>

248. A LA MÊME.

Le 19 décembre 1752.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu avec bien du plaisir votre chère lettre. Il me paraît du moins, par la gaîté qui y règne, que vous êtes de bonne humeur, et que vous vous portez bien; ce sont les articles qui m'intéressent le plus. Je suis trop heureux que vous ayez reçu avec bonté le collier que j'ai pris la liberté de vous envoyer. Conservez-moi toujours dans votre cher souvenir, et soyez persuadée de la tendresse infinie avec laquelle je suis jusqu'à la fin de ma vie, ma très-chère sœur, etc.

249. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

Le 27 janvier 1752 (1753).



Mon très-cher frère,

Vos maximes et vos leçons me servent d'une grande consolation dans la triste situation où je me trouve. Elles m'ont enseigné à me mettre au-dessus des revers de la fortune, et de regarder avec fermeté les événements qui ne concernent point le cœur et l'amitié. Nous sommes ruinés de fond en comble. Le feu prit hier au soir à huit heures au château, presque en trois endroits différents. Il y a beaucoup d'apparence qu'on l'a allumé. J'étais fort malade dans mon lit; on m'a sauvée du milieu des poutres brûlantes. J'ai conservé mon chien, mes pierreries et quelques livres, et j'ignore encore ce que je possède ou ce que j'ai perdu. Le Margrave n'a rien sauvé de ses appartements. Tout le château est en cendres; on n'a préservé qu'une aile, sans quoi toute la ville était ruinée. Je suis dans une maison, sans savoir où trouver de gîte, ni où me retirer. Mais je suis tranquille, et pense qu'on