<253>retour du prince Charles de l'Alsace.a Daignez, ma chère sœur, ne point oublier un frère qui fait consister le bonheur de sa vie dans votre amitié, et qui ne se croira parfaitement heureux que lorsqu'il pourra vous embrasser et vous assurer de vive voix de la parfaite tendresse avec laquelle il est à jamais, ma très-chère sœur, etc.

Jusqu'à présent vos lettres m'ont été rendues bien conditionnées; mais je ne réponds pas de l'avenir.

284. A LA MÊME.

Le 10 décembre 1754.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu avec bien du plaisir l'agréable description que vous faites, ma chère sœur, de votre séjour de Lyon. Je ne doute pas que vous n'y trouviez toute sorte d'amusements dignes de vous, tant par rapport aux antiquités, monuments, tableaux et ruines, que dans la compagnie des Français. C'est à présent chez cette nation que les arts ont posé leur siége. Nous avons peut-être autant de savants en Allemagne qu'il y en a là-bas; mais c'est surtout le goût fin et raffiné qui distingue les gens de lettres de France de ceux de notre patrie. Vous trouverez dans tous les couvents de jésuites des gens lettrés et aimables, et il faut avouer que chaque jésuite français, pris en particulier, fait un homme estimable; mais, malgré cet avantage, la société prise en corps est une abomination.a Je ne parle point comme hérétique, mais en philosophe qui déteste la morale relâchée et les principes horribles que tous leurs casuistes enseignent, et selon lesquels leur ordre se conduit. Mais je n'ai pas besoin de vous en parler; vous avez trop lu l'histoire pour ne les pas connaître, et cet ordre est


a Voyez t. III, p. 58 et suivantes.

a Voyez t. XXVI, p. 360 et 361.