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296. A LA MÊME.

Le 4 juin 1755.



Ma très-chère sœur,

J'ai reçu votre lettre datée de Florence et de Rome peu de moments avant de partir pour le pays de Clèves. Je suis charmé, ma chère sœur, que le voyage d'Italie vous fasse plaisir. II faudra bien du temps avant que nos gros paysans allemands fassent des vers comme les Florentins, avant que nos peintres égalent les Paul Véronèse et les Titien, avant que nous ayons d'assez superbes palais pour faire avec le temps de belles ruines; et je crois que tout cela n'arrivera que lorsque notre soleil aura la force qu'il fait sentir au trente-sixième degré. Ce qui m'intéresse le plus dans votre voyage, c'est votre santé. Je souhaite de tout mon cœur que les fatigues ne lui soient pas nuisibles, et que vous reveniez dans votre patrie avec un corps, sinon robuste, du moins sain. Je vous demande bien pardon si, pour cette fois, je ne vous en dis pas davantage; mais il faut partir. Je vous embrasse de tout mon cœur, ma très-chère sœur, vous priant de me croire avec la plus parfaite tendresse, etc.

297. A LA MÊME.

Potsdam, 28 juin 1755.



Ma très-chère sœur,

J'ai eu le plaisir de recevoir de vous une lettre datée de Rome. Je suis charmé d'apprendre que votre santé est assez bonne pour fournir aux fatigues d'un long et pénible voyage. J'ai bien cru que les antiquités de Rome vous feraient plaisir : ces monuments des vainqueurs du monde semblent nous rapprocher de leur temps; il semble même que l'on participe à leur gloire et à