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336. A LA MÊME.

(Mai 1758.)

Si je portais la guerre dans votre pays, il serait ruiné de fond en comble. Ils brûleraient, pilleraient, et vous abîmeraient totalement. Il faut, par de puissantes diversions, attirer l'ennemi d'autres côtés; c'est à quoi je travaille. Du moins le mal que vous souffrez ne sera que passager, et cela vous évite une ruine totale. Nous marchons à Olmütz. J'ai gagné sept marches sur l'ennemi; je le préviens à coup sûr. Le siége ne pourra s'achever que vers la mi-juin, à cause des transports; mais l'ennemi sera réduit dans une triste situation, et obligé, malgré lui, d'attirer les cercles en Bohême. Voilà tout ce que je puis vous dire en gros jusqu'à présent, n'osant pas confier ces choses à la plume. Un peu de patience, et nous triompherons de toutes les difficultés.

337. DE LA MARGRAVE DE BAIREUTH.

(Baireuth) 10 mai (1758).

Je serais au désespoir, mon cher frère, si vous négligiez le moindre de vos intérêts pour l'amour de nous; notre situation est telle, que notre ruine est inévitable, de quelque façon que cela tourne. S'ils entrent en Saxe, ils seront plottés, et tout cet essaim s'enfuira ici; s'ils vont en Bohême, ils se débanderont et se soulèveront. Ils se sont liés par un serment affreux qu'ils en agiraient ainsi, et tueraient généraux et officiers, s'ils ne pouvaient faire autrement; en ce cas, nous les aurons encore. Je vous supplie de ne pas négliger vos intérêts, qui me sont plus chers que les miens. Ce serait un véritable chagrin pour moi, si les espèces monastiques vous échappaient; elles engraisse-