<413>

30. DE LA MÊME.

Berlin, 1er août 1769.



Mon très-cher frère,

Daignez agréer mes très-humbles remercîments pour toutes les grâces et toutes les bontés dont vous m'avez honorée pendant le séjour heureux où j'ai eu le bonheur de vous faire ma cour. Je ne sens pour le présent, mon cher frère, qu'un mélange de regrets, de reconnaissance et de sensibilité, un souvenir charmant et agréable d un temps qui s'est envolé comme un éclair. Je me rappelle et me rappellerai, mon cher frère, ces moments avec délices; ils feront journellement mon occupation. Vous plaire et vous témoigner mon attachement a toujours fait mon étude particulière, et tant que je vivrai, je travaillerai, mon cher frère, à vous convaincre que mon cœur vous est tendrement dévoué et respectueusement soumis.

J'ai l'honneur d'être, mon très-cher frère, etc.

31. DE LA MÊME.

(Berlin) 29 septembre 1774.



Mon très-cher frère,

Je vous supplie, mon cher frère, d'agréer mes très-humbles remercîments pour les fruits délicieux que vous avez eu la grâce de m'envoyer. Je crains que le froid précoce fera beaucoup de tort au vin, ce qui causerait un grand dommage. Le schisme qui a régné ici durant plusieurs années entre les partisans de Muzell et de Meckel vient de cesser par la mort du dernier. Toutes les vieilles femmes en ont pleuré à chaudes larmes; elles en ont été imbues comme s'il eût fait des miracles. C'est ainsi que le préjugé, quelque peine que l'on se donne pour le déraciner, renaît toujours dans l'occasion. Je suis charmée, mon cher frère, quand