<62>vous m'avez ordonné de lui dire, car vous n'avez rien à craindre de la Ramm;a ses armes sont presque usées.

Je suis, en vérité, bien mortifié de ce que le Margrave a écrit au Roi sur le sujet de Juliers et Berg; je me suis déjà expliqué là-dessus dans ma précédente,b et vous verrez que j'aurai été bon prophète.

Aujourd'hui se feront les obsèques de défunt le maréchal Grumbkow, dont la mémoire est presque généralement en exécration. Je gagne on ne saurait davantage par sa mort, et je me flatte qu'à présent nous respirerons après un long orage.c

J'ai trouvé le Roi plus mal que je n'ai cru; il n'a point la goutte, mais ce sont des maux tout différents.

Adieu, ma très-chère sœur; conservez-moi votre précieuse amitié, et soyez persuadée de l'estime et de la tendresse avec laquelle je suis inviolablement, ma très-chère sœur, etc.

62. A LA MÊME.

Ruppin, 11 avril 1739.



Ma très-chère sœur,

J e suis très-mortifié de ce que votre santé est encore si languissante. Pour l'amour de Dieu, faites donc résoudre votre margrave


a Femme de chambre de la Reine. Voyez les Mémoires de la Margrave, t. I, p. 106 et suivantes, et p. 121.

b Frédéric avait écrit à sa sœur, de Ruppin, le 20 mars : « Quant aux soi-disant prétentions du Margrave sur les duchés de Juliers et Berg, il me semble qu'il s'avise bien tard d'en parler, et pour vous parler net, il fait fort mal; car, pour figurer en pareilles occasions, il faut avoir de l'argent et des troupes comme le Roi, sans quoi je vous avertis en frère et en ami que le Margrave sera bafoué, qu'il s'attirera le Roi à dos, et qu'il ne réussira assurément point. Ceux qui lui ont conseillé de faire valoir à présent ses prétentions ont assurément très-mal fait. Si vous pouvez lui faire entendre raison, vous ferez assurément une œuvre vraiment chrétienne; sinon, vous vous apercevrez que j'ai dit vrai. »

c Voyez les Mémoires de la Margrave, t. I, p. III.