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10. A LA MÊME.

(11 août 1770.)



Madame ma cousine,

Si je n'avais été accablé d'affaires aujourd'hui, je m'étais proposé, madame, de vous prier à dîner; mais quelqu'un me fit apercevoir de mon indiscrétion, en remarquant qu'une mère, sur le point de quitter sa fille, préfère sa société à toute autre. Je me suis rendu, madame, à cette raison; je l'ai trouvée si vraie, que j'ai cru devoir sacrifier mon agrément à votre tendresse. Je vous ai les plus grandes obligations; vous êtes venue assister la Princesse de Prusse dans ses couches, et souffrez que j'attribue, comme de raison, à votre courage et à votre résolution le salut de la mère et de son fils. Ce sont des droits, madame, que le temps ne saurait effacer de mon souvenir. Mais qu'importe le souvenir d'un vieillard qui doit d'un jour à l'autre disparaître de la face de la terre? Je vous renvoie, madame, le billet que je viens de recevoir, coté selon votre intention, en vous assurant que personne n'est plus pénétré de vos admirables qualités, ne vous aime plus et ne vous estime plus que, madame ma cousine, etc.

11. A LA MÊME.

Le 5 décembre 1770.



Madame ma cousine,

Rien ne m'a fait plus de plaisir, madame, que les marques de souvenir que vous me donnez. Vous avez la bonté de penser à moi, à l'occasion d'un célèbre maître de ballets de Mannheim. J'ai vu de ces ballets de Noverre en Moravie;a ils sont beaux et préférables en tout aux anciens; mais ils exigent une grande dépense par le nombre de figurants et d'habits qu'ils demandent,


a Voyez t. XXVI, p. 371.