<86>Scheffer, dont j'envoie également des copies à V. M., afin qu'elle juge elle-même si elles se trouvent conformes aux sentiments que V. M. m'a toujours témoignés. Il ne pouvait pas ignorer que mon dessein ne fût de lui rendre toute justice possible. M. de Scheffer l'en avait assuré dans la réponse qu'il fit à sa première note, et je connais trop les égards que demande le caractère de ministre étranger, pour vouloir que personne dans mon royaume y manquât. Certes, ce ne sera pas par celui de V. M. que l'on commencera. Mais après vous avoir mis, mon cher oncle, au fait de cette affaire, je proteste que mon intention n'est point de me plaindre de M. de Nostitz; je serais même au désespoir si le moindre désagrément lui en arrivait. Tout ce que je désire, si V. M. même le juge à propos, c'est qu'il puisse être avisé de mettre un peu plus de douceur et de liant dans sa manière de traiter les affaires. Je suis persuadé que cela est conforme à l'amitié que V. M. m'a toujours témoignée, et dont elle ne voudra pas que celui qui est chargé de l'entretenir puisse s'écarter.

J'ai été alarmé un moment pour la santé de V. M.; je suis heureusement rassuré sur ce sujet, mais ma mère m'inquiète de nouveau par une fièvre dont elle ne peut pas être entièrement guérie. Tous ces sujets d'intérêt augmentent et fortifient les sentiments de la haute considération et de l'attachement parfait avec lesquels je serai pour toujours, etc.

15. AU ROI DE SUÈDE.

Le 22 décembre 1775.



Monsieur mon frère,

J'ai été fort fâché d'apprendre ce qui vient de se passer à Stockholm à l'occasion d'un domestique du comte Nostitz, mon ministre. L'usage est, dans les cours policées de l'Europe, qu'on n'arrête jamais un domestique d'un ministre étranger avant de l'en avertir; le contraire est regardé comme une insulte faite à