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CHAPITRE XIII.

Bataille de Friedeberg.a Marche en Bohême; ce qui s'y passa. Bataille de Soor. Retour des troupes en Silésie.

La situation du Roi était toujours scabreuse : la politique lui présentait des abîmes; la guerre, des hasards; et les finances, un épuisement de ressources presque total. C'est dans ces occasions où l'âme doit déployer sa force, pour envisager d'un œil ferme les dangers qui l'entourent; où il fautb ne se laisser point décontenancer par les fantômes de l'avenir, et se servir de tous les moyens qu'on peut avoir ou imaginer pour prévenir sa ruine, lorsqu'il en est encore temps; surtout ne pas s'écarter des principes fondamentaux sur lesquels on a établi son système militaire et politique. Le projet de campagne du Roi était réglé; cependant, pour ne rien négliger, il s'adressa à ses alliés. Il employa dans cette négociation tout le feu imaginable, pour essayer d'en tirer des secours. La France était la seule puissance dont il pût en attendre. Le Roi lui fit représenter l'impossibilité où il se trouvait de soutenir longtemps cette guerre, dont tout le fardeau s'affaissait sur lui : il la somma de remplir ses traités à la lettre; et, comme l'ennemi se préparait à faire une invasion dans ses États, il pressait Louis XV de lui payer des subsides, qu'il lui


a Hohenfriedeberg.

b Les mots il faut, ajoutés par les éditeurs de 1788, manquent dans le manuscrit original.